В сети обнаружился раритет)))...статья-критика на выступление Дэвида в марте 2002 года на фестивале им. Иегуди Менухина в городе Gstaad (Швейцария).
DAVID GARRETT, LE COME-BACK À VINGT ANS
Критика на речитал Дэвида с пианистом Итамаром Голаном в рамках фестиваля в Гштааде в 2002.
http://next.liberation.fr/culture/2002/ … ans_396067
Par Eric Dahan
— 7 mars 2002 à 22:30
Petit événement au festival de Gstaad: le retour de David Garrett. Oublié depuis son abandon par Deutsche Grammophon en 1997, le violoniste prodige américain avait fait sensation avec un disque Mozart enregistré à 13 ans, avec Claudio Abbado, pour la firme allemande, et laissé une impression favorable à l'auditorium du Louvre il y a plus de cinq ans. Entre ses problèmes de main et le management approximatif de sa carrière, on désespérait d'entendre à nouveau le violoniste. La publication ce mois, trois ans après son enregistrement, d'un Concerto de Tchaïkovski flamboyant et ce concert à Gstaad sont venus réveiller l'intérêt pour le musicien né en septembre 1981 à Aix-la-Chapelle, mais élevé aux Etats-Unis.Séducteur. Partenaire de ce petit récital, Itamar Golan déçoit autant que le violoniste dans une Sonate de Mozart, visiblement peu préparée. Le jeu est brouillon, les entrées et sorties avant ou après le début de la mesure sont aussi fréquentes que des fluctuations de tempo indignes d'un chambriste de ce calibre. De Garrett on apprécie la franchise des attaques et la décontraction de l'archet, moins le lyrisme slave, hors de propos en la circonstance. Mais le son est là, rond, chaud, coulant comme un chocolat viennois. Garrett est de fait un séducteur, cultivant plus volontiers l'élégance d'un Kreisler que la vigueur d'un Oïstrakh. Il a au moins le sens des phrases parfaitement articulées, de la sonorité pure sur toute l'étendue de la ligne et sait trouver par moments la tonalité mystérieuse et feutrée du Poème en fa majeur op. 25 de Chausson: les pianos semblent chargés d'autant de puissance que de fragilité, et le contrôle de la vélocité étonne pendant le crescendo de trilles du deuxième mouvement. Le Tzigane de Ravel n'est pas exceptionnel, mais il séduit par un mélange d'ironie et de romantisme, une variété des attaques et des vibratos qui annoncent justement le Caprice viennois de Kreisler.
Ce jeu à mille lieues de ceux de Vadim Repin ou de Maxim Vengerov s'explique par le fait que Garrett n'a été l'élève de Zakhar Bron à Lübeck que quelques mois, l'année de ses 6 ans, et a surtout été suivi dès ses 11 ans par Ida Haendel. «Je suis un intuitif, je n'aime pas qu'on me dise ce qu'il faut faire, Ida a su canaliser mes intuitions», confie le musicien, une fois troqué le frac et le noeud papillon contre un sweat-shirt et un bandana du meilleur effet grunge.
Précoce. Garrett, avant de confier ce qu'il faut bien appeler sa rééducation stylistique à Itzhak Perlman à la Juilliard School de New York, a d'abord cherché l'inspiration de son jeu dans «le naturel de chanteurs comme Richard Tauber et Pavarotti». Sa carrière a commencé tôt: il a 10 ans quand il fait ses débuts avec le Philharmonique de Hambourg, où des agents le remarquent et le présentent à Deutsche Grammophon, qui lui fait enregistrer la sonate le Printemps de Beethoven et la Chaconne de Bach. Après le disque avec Abbado, nouveau récital: les Caprices de Paganini. Il est dirigé ensuite en concert par Menuhin, Mehta, Sinopoli et d'autres. Bien que fan absolu de Rachmaninov il cherche à pallier actuellement l'absence d'un concerto pour violon au catalogue du compositeur russe en en écrivant un dans son style , Garrett tente de s'intéresser à Ligeti, Kurtag et Berg. Mais son truc c'est «Beethoven, Brahms, Bartok, Prokofiev et Chostakovitch». Plus mûr que sa fausse désinvolture ne le laisse paraître, Garrett pourrait s'imposer dans les mois à venir: «Il n'y a pas de bons professeurs, seulement de bons ou mauvais élèves», déclare-t-il.
Eric Dahan